Article posté le 11 juillet 2019

 

Le long de la Mer du Nord (Hollande-Belgique)

 

 

 

Après Hambourg la Nord See Kusten Strasse suit, sur la carte, la côte tout du long. En fait on roule la plupart du temps le long d’une digue qu’il faut escalader si l’on veut voir quelque chose. En ces journées d’équinoxes la marée basse est impressionnante et l’on ne sait plus si c’est l’herbe des pâturages qui va s’avancer toujours plus loin ou l’eau salée qui va tout envahir.

Traversée de l’impressionnant port de Bremen, toujours par des pistes cyclables. 

De la Mer du Japon à la Mer du Nord, des grues d’Osaka à celle de Brême, cela fait un bon petit périple.

C’est encore par un bac que nous traversons la Weser, puis, lassés de pédaler au pied d’une digue sans voir de l’autre côté nous avons coupé par l’intérieur.

Un orage de grêle nous surprend juste à la sortie de Leer. Les grêlons, gros comme des œufs de caille, nous bombardent. Aïe ! Sur la tête, Aïe ! Sur la nuque, les épaules… On dirait un massage thaï.

HOLLANDE

 

Devant l’Office du Tourisme de Groningen une jeune femme, sac sur le dos et bâtons de marche en main, nous aborde. C’est la première fois qu’elle fait un voyage à pied (la traversée de la Hollande) et c’est son premier jour de marche. D’habitude elle voyage à vélo et voir les nôtres chargés la touche énormément.

Tout en roulant je regarde les maisons et leurs larges fenêtres qui sont autant de vitrines à bibelots. Et je suis frappée par la symétrie des objets exposés. Il n’y a jamais un vase mais deux identiques, pas un bouddha mais deux, pas un petit chien en porcelaine mais deux. Le Hollandais semble avoir besoin de symétrie et  ne pas aimer les chiffres impairs.

 

Cette vaste plaine côtière vouée à la culture intensive est un puzzle d’immenses parcelles délimitées par des canaux et des rigoles. Et dans ce quadrillage un lacis de pistes cyclables et véloroutes bien fléchées, bien balisées – heureusement car il y a de quoi se perdre – propose une infinité de balades. Le choix ne se fait pas en question du paysage qui ne change guère, mais plutôt en fonction du vent.

 

Première surprise en arrivant en Hollande, les campings sont beaucoup moins chers et mieux équipés qu’en Allemagne, tout le monde peut s’exprimer en Anglais et les caissières de supermarchés sont aimables. 

Je voulais compter le nombre de canaux que nous franchirions au cours de cette traversée de la Hollande mais j’ai vide perdu le compte.

Un pont baissé spécialement pour nous

C’est qu’il faut compter tous les chenaux, les ruisseaux et les cours d’eau. Nous passerons aussi sur plusieurs digues qui sont de véritables barrages contre l’Océan pour protéger les terres, la plus longue s’étirant sur plus de 30 km. 

Ces digues se sont succédées au cours des siècles, de plus en plus hautes, de plus en plus loin vers le large. Elles atteignent maintenant 8 à 10 mètres au-dessus du niveau de l’eau. 

Reconversion en garde-barrière

 

Comme en Allemagne elles sont entretenues par des troupeaux de moutons.

(on en profite pour rechaper les pneus)

Les villages y adossent leurs maisons. 

C’est propre, très propre – ordonné, très ordonné, coquet. On y vivrait presque par ce beau soleil si la vue ne s’étendait, plus monotone encore que dans la Beauce, sur des champs à perte de vue, patates et blés, sans un arbre. Nous roulons sur des kilomètres de pistes, voies et rues pavées de briquettes rouges en quinconce. Et je ne peux m’empêcher de penser au travail des paveurs.

Le port de Zoutkamp spécialisé dans la pêche à la crevette

Passage de loutres

Dans le camping de Harlingen où une toute petite place est allouée aux tentes, nous nous retrouvons entre cyclos. Huit tentes, huit couples de cyclos. Pas un n’adressera la parole à l’autre. Nous aurions pourtant pu nous faire des copains. Nos voisins tout proches ont la même tente que nous et un vélo couché. Nous partageons la même table pour poser et empaqueter nos affaires. Ils répondront par un signe de tête à notre bonjour. Les Hollandais sont des gens très « discrets ».

 Peu avant Akmaar, petite ville typiquement hollandaise traversée par un canal, il y aura un beau parcours dans les dunes à l’ombre d’une forêt de pins et petits chênes.

Atteints d’agoraphobie aigue nous ne visiterons aucune grande ville, contournons la Haye, évitons Amsterdam que nous connaissons déjà et Rotterdam.

 

Nous suivons toujours les balisages mais ce jeu de piste qui nous fait perdre le sens de l’orientation nous exaspère et nous fatigue. Nous n’avons qu’une envie maintenant, c’est d’arriver en France, même si partager les routes avec les automobilistes risque de nous paraître moins drôle.

Camping en bord de mer

Arrivés un soir à 18 h dans ce vaste camping de bord de mer alors que la réception est déjà fermée. Qu’à cela ne tienne nous repérons les emplacements réservés aux tentes et en choisissons un libre à côté de deux autres cyclistes. Nous n’avions pas pensé que cela pouvait être réservé à l’avance. Les deux femmes qui viennent s’installer sur le même emplacement peu après ne font aucune remarque mais téléphonent au responsable du camping. Elles ne nous adresseront pas la parole et j’imaginais la même expérience avec des Italiens par exemple : la mère de famille serait arrivée les bras levés au ciel, prête à faire un scandale parce que des étrangers lui ont pris sa place. On s’excuse, on s’explique, prêts à déménager, mais en apprenant les circonstances et notre périple, la matrone dirait que finalement on peut rester, qu’il y a assez de place pour tout le monde, qu’on ne va pas se fâcher pour ça, et puis est-ce qu’on a tout ce qu’il nous faut ? Vraiment ? Etc. Je fabule et fabrique mon petit scénario. Nous nous faisons les plus petits possible. A 5h30 du matin nous sommes debout. A 6h la tente est remballée et nous chargeons les vélos. Nos voisins cyclistes  en font de même, tout aussi silencieux que nous. Tiens, tiens ! Pas envie de payer eux non plus ? Pressés de partir avant l’ouverture de la réception ? Nous prenons le temps de faire chauffer l’eau pour le thermo dans les sanitaires grâce à notre résistance et quittons les lieux sous un ciel gris et bas.

31° hier – 16° ce matin, vent NE.

 

Le petit déjeuner sera pris sur un banc dans les dunes.

Du fait d’être partis si tôt nous arriverons pour le premier ferry qui doit nous faire traverser l’avant-port de Rotterdam. Dans la brume toujours plus épaisse qui avale le haut des grues, cette traversée sera intéressante. Des cargos, des containers, des docks et, au milieu de tout cela, un ilot bordé d’une petite plage habitée par des phoques. Le gars du ferry nous explique que l’eau est redevenue très claire et poissonneuse depuis une dizaine d’années, d’où l’arrivée de cette colonie.

Notre route traversera toutes ces infrastructures par la Dardanelle Strasse (clin d’œil au mois d’avril) et nous nous retrouverons ensuite rapidement à nouveau dans la lande et les dunes.

BELGIQUE

Café vue sur mer

 

Suivi à Ostende le boulevard cyclo-pédestre d’une quinzaine de kilomètres le long de la mer.

Et nous arrivons à St Omer (France) par une chaude journée – 35° à l’ombre. D’un seul coup, dès la frontière passée plus de vélos. En Hollande le vélo est un outil de locomotion utilisé quotidiennement et les infrastructures routières en tiennent compte. En France, le vélo est un outil de loisir. Là est toute la différence.

A partir de maintenant on comprend tout, ce qui n’est pas forcément un avantage. Mais tout de même des noms comme Blendecques, Nielles les Bléquins c’est plus facile à mémoriser que Schkrjdkerq !

 

Nous passerons quelque temps en France, le temps d’embrasser la famille et quelques amis – et nous demandons pardon à tous ceux que nous n’aurons pas le temps d’aller voir – et de préparer le prochain voyage.

Pour nous laisser un commentaire, cliquer ici