Pour saluer Blaise Cendrars

 

Je roule sur mon vélo acheté à Bangkok

Sur le porte-bagages, dans un sac ayant fait bien des voyages

Un t-shirt acheté à Langkawi, une chemise rapportée de Séoul, un short de Colombo et quelques slips

Mes poches sont pleines de bouts de ficelles ne pouvant plus servir à rien

Dans mon porte-feuilles des euros, des dollars, des baths et des ringgits

J'ai sur la tête une casquette à grande visière trouvée au baear de Bischkek

Aux pieds des sandalettes aussi poussiéreuses que mon bronzage

La sueur me coule dans les yeux et je pédale comme un forcené

Heureux comme un roi

Riche comme un milliardaire

 

Libre comme un homme

De Satun à Ranong

 

Une heure de bateau pour rejoindre la Thailande et un coup de tampon du douanier pour avoir le droit d'y rester encore 45 jours. Et la route nous a repris. Toute droite, presque toute  plate, elle nous tire par le bout du guidon. Tiens, d'après le panneau, les singes ne sont pas les mêmes qu'en malaisie ! Un serpent de près de deux mètres de long, bien vivant, nous barre la route. Bien qu'ayant le temps de le photographier nous n'avons pas osé bouger et l'avons laissé partir tranquillement. 9h du matin, nous avos déjà parcouru 50 km. Pause coca et pain aux raisins. A 11h, avec 75 km dans les pattes, il est temps de s'arrêter. Le soleil nous cuit le dos et les mollets. Chambre de motel avec clim, refrigerateur et bouilloire pour 14 €, repas dans un petit resaurant pour 1,50€ par personne ... Et vous vous demandez pourquoi nous n'avons plus envie de rouler en Europe, crever de chaud - ou de froid - sous la tente dans un camping à 20 € ou plus et faire cuire ses nouilles sur son réchaud à pétrole, à quatre pattes (nous, pas le réchaud) ?

Entre Satun et Trang la côte est envahie par une vaste mangrove sillonnée par un labyrinthe de bras de mer et de rivières soumises à la marée. Des buffles se vautrent dans la boue. Il parait que c'est bon pour la santé. Ne pouvant longer la côte la route passe par l'intérieur des terres à ravers des plantations d'hévéas. Drôle de panneau routient qui nous prévient qu'une brute va nous jeter des pavasses sur la tronche ! Téméraires et courageux nous passons quand même.

A 8h c'est l'heure d'aller en cours pour les collégiens. Discipline impeccable, en rang SVP.

La route 404 est transformée en une autoroute avec un mur infranchissable même à pied si bien que certains villages sont carrément coupés en deux.

Au bout de 75km cette fois encore nous arrivons à Trang en sueur et fatigués, mais un comité d'accueil cyclo nous attend à l'entrée de la ville. C'est peut-être la seule chose à voir à Trang qui ne nous retiendra qu'une nuit.

Hat Pak Meng - 9 février 2023

 

Il y a 11 ans, jour pour jour, nous faisions la connaissance à Pak Meng beach de lysanne et Louis Philippe, cyclo-voyageurs au long cours avec lesquels nous allions devenir amis. Un petit salut tout spécial pour eux.

Cette fois-ci noous choissons de loger à 1 km de la plage dans un bungalow basic mais plein de charme. Pak Meng n'est fréquenté pratiquement aue par les Thaïs et cela se voit aux informations rarement traduites en anglais.
Le paysage change et les falaises karstiques caractéristiques de la région de Krabi et Phuket apparaissent. Dans ses eaux vivaient il n'y a pas si longtemps des dugongs. Je serais étonnée qu'il en reste avec tous les déchets plastiques qui encombrent les plages et les fonds marins. 

Sur la plage, témoins du tsunami de 2004, d'énormes souces de filaos se dressent comme des moignons de sentinelles face au large.

STOOP ! Daniel a vu le premier l'étal d'ananas sur le bord de la route. Entre 5 et 10 baths (0,15 et 0,30 €) suivant la grosseur. Vous m'en mettrez un gros pour ce soir et un tout épluché pour tout de suite. Pourtant ce ne sont pas les champs d'nanas qui occupent cette région au sud de Krabi mais les plantations de palmiers à huile. Les camions chargés de  gros fruits bruns nous dépassent et une fumée âcre et noire se dégage de cheminées d'usines de transformation.

 

Ko Jum - 12 - 20 février 2023

 

De Ban Leam Kruap une barque nous a emmenés sur l'ile de Ko Jum où nous avons pris nos quartiers à trois reprises les années précédentes. Nous y prévoyons une semaine de farniente et baignade.

N'ayant rien réservé à l'avance nous avons dû changer de bungalow mais n'avons rien perdu au change. la gargote dans laquelle nous avions nos habitudes existe toujours et la cuisine y est toujours aussi bonne - et plutôt bien épicée.  Sur la plage les crabes dessinent à chaque marée  basse leurs oeuvres éphémères.

Krabi - 21 février 2023

 

Nous avons quitté Ko Jum dimanche matin par le premier bateau. La ville de Krabi n'est qu'à 40 km du débarcadère, au fond d'une belle ria. Les colosses de krabi portent toujours les feux de circulation à bout de bras.

Nous pensions faire faire des modification sur nos vélos, mais après avoir fait le tour de tous les vélocistes, ceux qui n'existent plus, ceux qui existence mais sont fermés et ceux qui sont ouverts mais n'ont pas le matériel, nous y renonçons.

Nous logeons dans un petit hôtel bien sympathique où sont venus nous retrouver Annie et Denis avec lesquels nous étions en Malaisie.

Il semble que la saison des orages soit belle et bien commencée. Tous les après-midi il faut s'attendre à de fortes averses.

La baie de Phang Nga est renommée pour ses falaises de calcaire mais nous ne referons pas la balade cette année. En revanche la ville est laide et sans intérêt.

 

Ban Bang Muang - 24 février 2023

 

Une grosse étape encore de 80 km pour arriver sur cette côte qui fut frappée de plein fouet par le tsunami de 2004.

Alors que nous hésitons sur la route à prendre à un croisement, un homme sort de chez lui et nous tend une bouteille d'eau et  une brique de lait de soja bien fraiche. Cadeaux. Il est sourd muet et semble en outre bien pauvre.

A 10 h pause coca rituelle sur une aire de service.

On nous aborde un peu trop souvent à notre goût avec la phrase suivante : "quel âge avez-vous ? 70 ?" Si nous croyions faire plus jeune que notre âge, c'est raté.

Ban Bang Mua est un drôle de village composé pour moitié d'immeubles noirs et hideux, sans fenêtres mais percés de trous. Ce sont des habitats pour hirondelles qui viennent y faire leurs nids, lesquels seront ensuite broyés et transformés en poudre réputée bonne pour la santé, pour la grande forme des messieurs et des messieurs chinois...

Un mémorial des victimes du tsunami est dressé sur la plage. Et sur l'ile de Ko Kao des restes de complexes hôteliers sont désormais les pieds dans l'eau.

Quelques petits problèmes mécaniques sur le vélo de Daniel mais  Annie et Denis nous ont une fois de plus rattrapés et Denis s'avère être un maïtre mécanicien.

Histoire de graines

 

Les fruits de l'nacardier donnent les noix de cajou. C'est le seul fruit dont la graine est à l'extrérieur du fruit. Il ne faut cependant pas manger ces noix crues. Quand on casse la coque pour en extraire la noix un liquide noir et toxique pour la peau s'écoule. Grillée ou étuvée cette noix est un délice à l'apéritif mais aussi pour agrémenter un plat de riz. On adore.

Les calmions de noix de palme se dirigent vers l'usine de transformation. Depuis des centaines de kilomètres nous ne voyons pratiquement que cela, en Malaisie (premier producteur au monde) et dans le sud de la Thailande. La grappe de noix peut peser jusqu'à 25 kg. L'huile de parle n'est pas forcément mauvaise (utilisée en médecine, cuisine, mais aussi comme agro carburant...) Mais c'est la culture intensive de l'arbre au détriment de toute autre espèce qui est nuisible, sans parler des engrais et insecticides chimiques et des conditions de travail des ouvriers. Sur le bord de la route nous photographions des palmiers fatigués, très fatigués, comme de vieux soldats.

Les noix de l'arequier sèchent sur le bord de la route. La noix d'arec est utilisée en médecine mais aussi et surtout, mélangée à de la chaux, pour la fabrication du bétel qui donne une couleur rouge à la bouche et la salive du consommateur. Elle est réputée cancérigène.

Enfin, au cours de notre promenade nous n'avons pas pu nous reteir d'ouvrir une gousse de kapokier pour en extraire la duveteuse garniture.

Et la dernière ? Qui saura me dire de quel arbre elle provient ?

De Chumphon à Prachuap Khiri Khan

Les panneaux routiers ne sont décidément pas rassurants. Est-ce pour cela qu'on a mis les vélos et nous dans un minibus ? Non ! ca grimpait trop pour passer la montagne qui sépare la côte Andaman de la côte du Golfe de Siam.

Cependant les routes thaïs ont un très bon revêtement et une bande latérale est toujours réservée aux deux roues. désormais ce sera la balade en bord de mer, sur cette côte que nous connaissons déjà bien, direction plein Nord.

Nous avons parcouru les 200 km qui séparent Chumphon de Prachuap en quatre étapes, tranquillement, en longeant la mer de Siam au plus près, la plupart du temps roulant sur la Royal Scenic Coast Road. Les petits ports de pêche se succèdent, encombrés de concentrés de bateaux. Nous y avons croisé quelques cyclo-voyageurs, notamment deux Ecossais, Bob et Déborah sur leur tandem Pino surchargés, en route pour l'Australie.

Un bungalow sur la plage nous a stoppés peu avant Ban Saphan. presque seuls au monde, un petit restaurant qui nous gâte ... Nous y sommes restés trois jours.

Dans les bourgades il t a parfois de l'animation. Pour tout événement, fête, anniversaire et autres, on peut louer un camion sono décibellement hautement performant, et défiler dans la rue que l'on peut même barrer pour que tout le monde participe.

Prachuap- du 6 au 19 mars 2021

 

Nous avons retrouvé Joëlle à Prachuap et nos amis canadiens nous ont cette fois-ci encore rejoints. Ce n'est certes pas la première fois que nous logeons dans la Maggy guesthouse, sorte de QG de vieux routards où nous avons rencontré certains voyageurs devenus des amis fidèles. Cette maison de bois traditionnelle a été transformée en chambres d'hôtes avec des coins cosy pour se délasser ou bavarder. Les copains Cyclomigrateurs sont venus nous y rejoindre également sur leurs vélos couchés. La plage de Manao est à 3 km. il faut traverser un aérodrome militaire pour y accéder - tout est prévu et des centaines de gens le font chaque jour. La baie est belle, encadrée de collines verdoyantes. Une méduse géante - environ 1,50 m de diamètre - s'est échouée sur la plage. Un peu plus loin un aquarium dédié aux poissons locaux nous a reenus un bon moment. Les anémones de mer, la muraine et les raies nous ont particulièrement impressionnés. Non loin de Prachuap est le port de pêche de Ao Noï. Le matin y règne une belle animation.

A quelques 10 km  est une grotte intéressante transformée en lieu saint. Un grand bouccha y repose.

Le soir la baie et le temple de Prachuap sont éclairés. Le week end un gigantesque marché nocturne s'installe sur le front de mer et c'est un plaisir de pique niquer sur la jetée quand la chaleur a lâché prise et la brise se lève.

FIN

 

Hélas, toute bonne chose a une fin. Il a bien falu emballer les vélos dans un carton de la dimension exacte d'une valise afin qu'ils puissent entrer dans la franchise de bagages de la compagie aérienne et rejoindre l'aéroport international de Bangkok.

Il n'a pas été exceptionnel ce voyage, mais nous l'aimons bien, parce que ce fut NOTRE voyage.